Mon traitement contre le cancer a débuté, est-ce trop tard?
En cas de cancer, il est souvent très important de commencer le traitement de chimiothérapie et/ou radiothérapie rapidement. On dispose donc de peu de temps, de quelques jours à quelques semaines, pour mettre en place une stratégie de préservation de la fertilité. Occasionnellement, les patients arrivent en oncofertilité alors que le traitement a déjà débuté.
Pourquoi faut-il préserver la fertilité avant le début du traitement?
L’effet gonadotoxique de la chimiothérapie et/ou radiothérapie est à la fois quantitatif et qualitatif.
- Quantitatif car il réduit rapidement, après son instauration, le nombre de cellules de la reproduction. Plus on intervient tard par rapport à l’initiation du traitement gonadotoxique, plus le risque est grand d’avoir des gonades (ovaires et testicules) déplétées en cellules de la reproduction (ovocytes et spermatozoïdes plus ou moins matures).
- Qualitatif car il altère les gamètes matures en induisant des transformations de leur bagage génétique (chromosomes). La récupération et la mise en banque de ces gamètes exposés et détériorés pourrait induire un risque plus élevé de fausse couche ou d’anomalies congénitales si on les utilise pour une grossesse ultérieure. Un suivi spécifique de la grossesse sera conseillé avec éventuellement un diagnostic génétique prénatal sur le fœtus.
Est-il encore possible d’agir?
Oui, mais en connaissance de cause du risque génétique accru pour la descendance issue de ces gamètes.
On peut mettre en place
- une préservation du tissu ovarien pour récupérer les ovocytes immatures qui ne sont pas en voie de division et donc (probablement) non atteints par la chimiothérapie, et ce si la réserve ovarienne est encore suffisante. Les ovocytes en voie de maturation, ou matures, sont non utilisables après l'exposition aux traitements gonadotoxiques.
- la congélation d’un éjaculat, si on y retrouve encore des spermatozoïdes vivants. La biopsie testiculaire est une alternative si les tests préalables confirment que le testicule contient encore des cellules de la reproduction.
Il reste que ces solutions sont
loin d'être idéales. Les chances de récupérer des cellules reproductrices viables est faible et le risque qu'elles soient endommagées génétiquement est grand. S'engager dans cette voie impose une réflexion de fond entre le patient et son oncologue, notamment par rapport aux autres choix possibles (
don de sperme et
don d’ovocytes), même si pour certains ils restent inenvisageables pour des raisons personnelles et philosophiques.
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