Avant de faire partie de l'équipe, chaque candidat bénévole doit suivre une formation de 8 jours répartis sur 6 mois, avec des stages dans différents lieux.
Témoignage d'une bénévole
Bernadette Feroumont, auteure du livre Accompagner la vie jusque-là : récits de volontaires en soins palliatifs est bénévole depuis 2002 au sein de l'unité de soins palliatifs et continus de la Clinique CHC Hermalle. Elle coordonne actuellement l'équipe de volontaires, et participe chaque lundi, en tant que coordinatrice, à la réunion de l'équipe pluridisciplinaire.
Le souvenir d'un départ paisible et émouvant
L'infirmière en chef m'avait demandé de rester auprès d'un monsieur encore jeune qui vivait ses derniers instants. Sa compagne allait arriver. Cet homme avait été un grand sportif avant d'être fauché par un cancer fulgurant. Il n'était pratiquement plus conscient, et avait des difficultés à respirer. J'étais stressée. J'avais un peu peur. Je me posais la question, un peu ridicule, qui vient à l'esprit dans pareille situation: que vais-je faire pour que tout se passe bien?
Mais on me demandait de ne rien faire, juste d'être là. Comme j'aime chanter depuis toujours, je me suis mise à le faire, doucement. J'ai entendu que sa respiration s'apaisait. Sa compagne est alors arrivée. J'ai voulu les laisser mais elle m'a demandé de rester. Elle m'a raconté leur histoire d'amour, qui était assez récente. Nous nous sommes donné la main et avons pris celles de son compagnon. Il est mort ainsi, entre nous. C'était un moment très émouvant, qui ne se produit pas toutes les semaines, ni même toutes les années, et que je n'oublierai jamais.
Bénévole en soins palliatifs, une expérience forte
Etre bénévole, c'est d'abord être présent, à l'écoute, disponible. L'important, c'est que le malade et sa famille sachent que nous sommes là. Notre présence libère aussi un peu l'équipe soignante, qui peut consacrer plus de temps à l'un ou l'autre patient. Ce qui nous motive, c'est le fait de sentir que nous sommes utiles, que nous servons à quelque chose. C'est un peu comme lors d'un accouchement, nous sommes dans l'essentiel des événements de la vie. Quand la confiance s'installe, certains malades n'hésitent pas à nous parler de leur cheminement, de leur questionnement, de leurs peurs ou de leur sérénité. Ces moments-là sont des cadeaux.
Besoin de se former et de réfléchir à sa démarche
Nous demandons au bénévole de mettre sa période de formation à profit pour voir si c'est vraiment chez nous qu'il veut venir et si son projet tient la route. L'objectif est que la personne réfléchisse à sa position sur la fin de vie, la mort, le deuil, à ses propres expériences de maladie, aux nœuds qui pourraient subsister et tôt ou tard réapparaître dans l'accompagnement des patients.
Nous sommes sans cesse confrontés à des situations qui nous interpellent. Pour garder le cap, il est important que nous sachions nous protéger d'émotions trop intenses, avoir du recul, trouver la juste distance, ne pas être trop impliqués affectivement, ni trop peu. Je me souviens de l'une de nos bénévoles qui a quitté le service, synonyme de trop grande souffrance pour elle, après le décès d'une patient restée longtemps chez nous et à laquelle elle s'était trop attachée. C'est pour cette raison qu'une fois par mois, nous sommes supervisés par une psychologue extérieure.
Ce que fait concrètement le bénévole
Nous voyons chaque patient et parfois restons plus spécifiquement auprès de l'un ou l'autre. Il arrive que nous demeurions dans le silence auprès d'un patient endormi. Notre présence le rassure quand il s'éveille. Nous passons aussi beaucoup de temps avec les familles.
Nous accomplissons certaines tâches en priorité: donner les repas, une tasse de café, un jus d'orange, proposer un fruit, une crème, mettre de la musique... Par beau temps, nous promenons volontiers le patient en chaise roulante. Nous avons notamment suivi une formation au toucher relationnel, nous sommes tous capables de faire un petit massage des mains, des pieds, du dos... Le week-end, comme le staff médical est réduit et qu'il n'y a pas de stagiaires, nous avons davantage de choses à faire. Nous aimons être sollicités. Toutefois, nous ne pouvons pas redresser un patient dans son lit ou le mettre dans son fauteuil. Parfois une infirmière nous demande un coup de main, mais un bénévole, seul, ne peut pas accomplir un geste technique de soignant.